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mercredi 27 janvier 2010

Réflexions des Jésuites d’Haïti et des représentants de la société civile haïtienne sur la nouvelle situation créée par le Séisme du 12 janvier 2010

Après le terrible cataclysme du 12 janvier 2010, les Jésuites d’Haïti collaborent avec leurs confrères jésuites et des acteurs de la société civile de la République Dominicaine pour venir en aide à la population haïtienne. Un comité d’urgence a été mis en place et un centre d’urgence a été créé, avec pour mission d’alimenter plus de 7 cellules de distribution d’aide alimentaire et de services de santé à la population dans différents quartiers de la capitale et à Léogâne. Le comité d’urgence se réunit chaque matin, animé par le P. Kawas François, jésuite. En marge de cette intervention, les jésuites ont décidé de créer une cellule d’action et de réflexion sur l’impact du cataclysme sur la société haïtienne, sur l’aide internationale publique et privée, la souveraineté nationale et sur la reconstruction du pays. La présence massive des militaires étrangers notamment ceux des États-Unis d’Amérique du Nord sur le sol national laisse perplexe les Haïtiens.

La première réunion s’est tenue au Noviciat des Jésuites à Tabarrre 10, rue A. Francois No 4, le dimanche 24 janvier. Étaient présents des intellectuels, des prêtres, des leaders d’organisations de la société civile, des entrepreneurs etc. Les échanges tournaient autour des points suivants:

1. L’impact (physique, social, politique, économique etc.) de cette catastrophe et ses conséquences sur la société haïtienne?
2. Réflexion sur l’aide internationale publique et privée à Haïti et la problématique de la souveraineté nationale avec la présence de nombreux militaires étrangers dans le pays, notamment la présence de plus 20000 militaires Nord-Américains.
3. La reconstruction d’Haïti après la catastrophe du 12 janvier ?


I.- De l’impact et des conséquences du cataclysme sur la société
L’impact et les conséquences du cataclysme du 12 janvier sur la société haïtienne sont incommensurables. Nous sommes encore loin du temps des bilans. Toutes nos institutions déjà faibles : l’État (le Palais National et les Casernes Dessalines, la Direction Générale des Impôts, le Palais des Ministères, la Police Nationale, l’Institution judiciaire, le système pénitentiaire etc.), les mairies, les églises notamment l’Église catholique, les infrastructures de santé et d’éducation, les banques, le commerce, l’industrie etc. ont subi un coup sans précédent. C’est pratiquement l’effondrement de l’État et de l’économie du pays. Moralement et psychologiquement, la population a subi un profond traumatisme. Il faudra beaucoup de temps pour s’en remettre. Les prisonniers -certains très dangereux- sont dans la rue. Nous publierons bientôt une évaluation chiffrée des dégâts causés par le séisme.

Cette catastrophe met à nu les faiblesses d’Haïti. Aucune prise en change de la part des Pouvoirs Publics. L’État déjà faible s’est littéralement effondré; aucun service public ne s’est manifesté à Port-au-Prince et dans les autres zones sinistrées durant les premiers jours qui ont suivi le séisme. La centralisation des services publics dans la capitale a précipité cet effondrement de l’État. Par contre la population a fait montre d’une solidarité sans pareil : secours aux blessés, partage de la nourriture, de l’eau, mise ne place de nombreux comités de quartier etc. Ce phénomène contredit l’idée que l’Haïtien est fondamentalement individualiste. Sans cette solidarité spontanée mais efficace, on ne voit pas comment la population survivrait. Pendant les trois premiers jours, l’absence de l’État était total et la population livrée à elle-même. Par ailleurs, de nouveaux problèmes sociaux s’annoncent à côté de ceux qui existent déjà : la montée de la pauvreté, l’augmentation du nombre des handicapés et d’orphelins.

II. De l’aide multinationale publique et privée à Haïti
On observe une mobilisation sans pareil tant du côté des États, des acteurs internationaux et régionaux que de la société civile. Des artistes des grands pays occidentaux se mobilisent. Un courant de compassion et de solidarité charrie des individus et des entités collectives dans tous les pays du monde. Du jamais vu dans l’histoire de l’aide humanitaire. Par contre, on se pose de sérieuses questions sur la gestion de cette aide en Haïti. Qui va la gérer? Les ong’s? Les agences internationales? L’État haïtien n’en a pas les moyens. Sa gestion des catastrophes naturelles antérieures s’est révélée catastrophique. La capacité de gestion de l’administration publique haïtienne est quasi nulle. Cette aide massive va-t-elle contribuer à l’enrichissement d’une petite élite de fonctionnaires et de technocrates corrompus, haïtiens et étrangers, comme par le passé? Va-t-elle arriver au pays par les canaux de la coopération bilatérale et multilatérale classique? Cette coopération s’est révélée toujours inefficace et n’a jamais pu lancer le pays sur la voie du développement. Par ailleurs nous connaissons les mécanismes cyniques de cette coopération. Dans un contexte pareil, la perplexité et le pessimisme s’imposent.

Sous le couvert de cette aide, de nombreux militaires de pays étrangers arrivent en Haïti. Plus de 20000 soldats américains seront déployés en Haïti. Cette situation ne va-t-elle pas ouvrir la voie à une occupation du territoire national? N’est-on pas en droit de se demander si Haïti n’est pas en train de se convertir en un enjeu de luttes géopolitiques et idéologiques entre les puissances occidentales : les États-Unis d’Amérique du Nord, la France, l’Union Européenne, le Vénézuela, le Brésil? Quel est l’enjeu réel de toutes ces forces-armées sur le territoire haïtien?

III. De la reconstruction d’Haïti
La question de la reconstruction d’Haïti est aujourd’hui urgente et incontournable. Et cette reconstruction ne peut se faire en absence des acteurs internationaux. Mais qui seront les protagonistes de cette reconstruction? L’effondrement total de l’État haïtien et son incapacité subséquente à assurer par lui-même la reconstruction du pays, impliquent le fait que ce sont les acteurs internationaux qui risquent de prendre en charge cette reconstruction. Cette dernière ne risque-t-elle pas de se faire sans et contre les Haïtiens? Nous savons que les relations entre les États ne sont pas de type humanitaire mais des rapports de force autour d’intérêts et d’enjeux économiques, géopolitiques bien concrets.


Si les États-Unis d’Amérique et les autres acteurs internationaux seraient les protagonistes d’un nouveau «Plan Marshall» pour Haïti, quel sera la contribution de la société civile et de l’État haïtiens? Quels sont les mécanismes positifs qui existent déjà dans la société haïtienne et ceux à mettre en place pour rendre possible cette reconstruction d’Haïti? Comment renforcer les institutions de l’État, celles de la société civile, les partis politiques, pour les rendre aptes à prendre en main cette reconstruction? Depuis quelques années, la société civile haïtienne (les médias, les associations paysannes et suburbaines, les ong’s, les organismes de défense des droits humains, les organisations religieuses, l’université etc. ) s’est renforcée et s’est montrée bien présente sur la scène politique; mais comment la sensibiliser davantage aujourd’hui pour l’amener à apporter une meilleure contribution à la reconstruction des institutions nationales? Nous sommes convaincus que la reconstruction du pays est d’abord et avant tout une question nationale. Il n’est pas l’affaire du gouvernement seulement. Les principaux acteurs doivent être les Haïtiens eux-mêmes; tous les Haïtiens sans distinction. La société civile haïtienne, dans toutes ses composantes, doit se mobiliser pour aider à l’élaboration d’un projet de société pour Haïti. Ce projet est indispensable pour canaliser l’aide externe et faire que cette dernière soit profitable pour le pays.

12 janvier 2010 est désormais une date historique pour Haïti et pour le monde. Il existera à jamais un avant et un après 12 janvier. Il convient donc que la société civile haïtienne notamment les groupes socioprofessionnels agissent vite et efficacement pour aider à élaborer ce projet de société, un plan de relance de l’économie du pays, pour exiger des responsables de l’État une intervention qui soit véritablement au bénéfice de la Nation entière, en dehors de tout populisme; ce travers politique qui a causé tant de torts au pays au cours de ces dernières années.

Quelques décisions de la cellule de réflexion
Quelles suites donner à cette première matinée de réflexion? Quelles sont les stratégies à adopter pour passer de la parole à l’action? Les participants ont formulé les propositions suivantes :
Ÿ Dresser une cartographie des zones frappées par le séisme
Ÿ Créer une interconnexion entre les différents groupes et organisations de la société civile qui réfléchissent aujourd’hui en Haïti sur la nouvelle situation créée par le tremblement de terre du 12 janvier
Ÿ Voir comment aider à intégrer la diaspora haïtienne dans le processus de reconstruction du pays
Ÿ Établir une base de données chiffrée sur les victimes, les dégâts en général causés par le tremblement de terre dans tous les domaines
Ÿ Organiser une fois par semaine cette réunion de réflexion

Ont pris part à cette matinée de réflexion:
Noms
Email
Phone
Mario Serrano
Marioserrano@jesuits.net
38146418
Bismith Lazard
Lazard9@hotmail.com

Miller Lamothe
Lamothesjh@yahoo.com
3455-6690
Marcel Chalerus
Cmarcelloyola@yahoo.fr

Katia Phanor Mathieu
Katiaphanor@hotmail.com

Martha St Clair
Dindonnait@yahoo.com
35581756
Sr Marie Eliane Dorélus
Nysedorelus@yahoo.fr
3421 2498
Serge Lamothe
La18se21@yahoo.fr
3722 3895
Maxima Peña
Dosalas_l@yahoo.com

Rose Julien
rosejunie@hotmail.com
34530833
Kawas François
Kafranc@yahoo.fr
3406-5224
Zago (Luné Roc Pierre Louis)
Zago132000@yahoo.fr

Suzy Castor
sucastor@yahoo.com

Eloin Ezuho


Sonia Vasquez
Sonia@progresso.org.do

Jimmy Calixte
Jimmyht509@gmail.com
3826 2381
Fred Sylvain
Fredssylvain@yahoo.fr
3796 8757

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