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lundi 22 février 2010

Contexte et objectifs de la conférence-débat du 21 f'évrier 2010 autour de la reconstruction d'Haïti

Un extrait de l'intervention du P. Kawas François, sj, faisant le point sur les objectifs et la méthodologie de la Cellule de réflexion et d'action des Jésuites et de la Société Civile d'Haïti

L’objectif de cette conférence-débat, organisé par la cellule d’action et de réflexion des jésuites et de la société civile, est d’apporter notre contribution à l’effort national de penser un projet de refondation de notre pays. Un projet qui doit être élaboré par et pour les Haïtiens et qui réponde donc aux besoins réels de la société haïtienne aujourd’hui. Ce projet ne doit pas être imposé de l’extérieur; ni parachuté par les agences multilatérales et les gouvernements étrangers; au contraire, il doit jaillir de notre génie de peuple, de notre riche patrimoine historique et culturel, de nos formes multiples de résistance économique, sociale et politique.

L’objectif de cette conférence-débat est d’arriver également à créer un large consensus au niveau de la société civile haïtienne autour de l’urgence de réaliser un faisceau, de mettre en branle un véritable mouvement unitaire, le plus fort et le plus large possible, en vue de faire valoir notre volonté de peuple dans les décisions importantes qui sont en train d’être prises pour la reconstruction du pays. Nous voulons montrer ainsi que nous, Haïtiens (nes), voulons être sujets à part entière et non de simples objets de notre histoire.

Nous sommes conscients que la société civile de n’importe quel pays et donc de notre société haïtienne n’est nullement une totalité uniforme, harmonieuse et qu’elle est toujours traversée par des courants politiques, idéologiques divers et souvent opposés, que les intérêts des groupes et des personnes ne sont jamais identiques. Mais nous savons aussi qu’aucune société humaine ne peut exister et se développer si ses membres n’arrivent pas à s’entendre sur un ensemble de valeurs et de principes communs, à créer un consensus sur un certain nombre de questions fondamentales. En dehors de cela, aucun équilibre n’est possible et le vivre-ensemble est hypothéqué. Dans ce carrefour historique que nous sommes en train de traverser, je pense qu’il est indispensable de ne pas insister sur nos différences, pour légitimes qu’elles soient, de voir surtout ce qui nous unit, de nous réapproprier ces principes et ces valeurs qui fondent notre nationalité pour aboutir ainsi à l’élaboration et la mise en œuvre d’un projet de refondation qui engage enfin notre pays sur la voie de la modernité et nous redonne notre dignité et notre fierté de peuple.

Nous constatons également la faiblesse de l’État haïtien, le dysfonctionnement de ses principales institutions et son incapacité subséquente à gérer seul la reconstruction du pays. Ce dysfonctionnement a été largement aggravé par la catastrophe du 12 janvier. Mais cela ne doit en aucun cas offrir aux responsables internationaux le prétexte pour fouler au pied notre souveraineté nationale. Il est urgent pour la communauté internationale de prendre en compte les représentants légitimes du peule haïtien dans le travail de reconstruction; même si ces derniers, dans le contexte actuel, doivent être renforcés par d’autres instances représentatives de la société civile. L’idée d’Un Comité National de Reconstruction, formé de représentants de l’État et de la société civile haïtienne, comme cela s’est fait au Mexique après le tremblement de terre de 1985, nous parait plausible.

La cellule de réflexion et d’action, durant ses nombreuses rencontres, a élaboré ce que nous appelons «quelques orientations stratégiques pour un projet de refondation nationale». Ce document, enrichi par les multiples échanges et les réflexions de nombreux représentants de la société civile haïtienne : professionnels, professeurs, entrepreneurs, agronomes, sociologues, militants de droits humains, leaders d’ong’s et d’organisations de base, etc., ne prétend nullement être exhaustif. Nous voulons simplement apporter notre modeste contribution et nous joindre à l’effort courageux et créatif de réflexion de nombreux individus et groupes tant à l’intérieur qu’à l’extérieur d’Haïti; en vue de former ce faisceau, de mettre en branle ce mouvement d’ensemble pour participer effectivement à la tâche historique de refondation de notre pays.

Une méthodologie essentiellement participative et inclusive

Notre méthodologie est essentiellement participative, inclusive. Nous sommes un espace ouvert, non partisan, profondément respectueux de la diversité des personnes et des opinions. La refondation du pays est l’affaire de tous, au delà de toute appartenance sociale, ethnique et géographique. Notre principal objectif est de faire en sorte que les différentes organisations en dépit de leurs divergences arrivent à se mettre d’accord sur un document commun ou du moins à créer un consensus sur les grandes orientations d’un projet qui nous servira de guide en tant qu’interlocuteurs de l’État et des acteurs internationaux.

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